Avec Tel-avivre.com
– Misha Uzan
On dit en hébreu Derekh Namir, qu'on peut traduire par Route
Namir. Il ne s'agit pas d'une rue à proprement parler, mais bien d'une
route empruntée principalement par les automobiles.
Mordechaï Namir |
Comme Dizengoff et comme Rokach, le nom de la rue, ou route, vient d'un
maire de Tel Aviv. Aussi vous trouverez peu de rues Namir en dehors de Tel
Aviv. Comme Méïr Dizengoff avant lui, l'histoire de Mordechaï Namir se fait à
Tel Aviv.
L'homme est né le 23 février 1897, sous le nom de Mordechaï Némirovsky, à
Bratolinbovka en Ukraine (appartenant alors à l'Empire russe). Après une
première éducation dans un heder, il fut diplômé de l'Université d'Odessa, où
il a étudié le droit et l'économie. Mais Mordechaï Némirovsky militait pour le
sionisme à une époque où le bolchévisme sévissait. En 1924, il fut arrêté par
les autorités soviétiques pour ses liens avec le mouvement sioniste. A sa
libération Mordechaï immigra vers la terre d'Israël et devint Mordechaï Namir.
Il travailla rapidement pour le journal Davar, l'un des plus connus à
l'époque. Engagé auprès du parti politique Ahdout Haavodah
(littéralement Unité du travail) il en devint le premier secrétaire en
1926, jusqu'en 1930. De 1929 à 1935, il servit également comme directeur du
département des statistiques de la Histadrout, la centrale syndicale
israélienne. Dès ses débuts dans le pays, Namir fut une figure d'ampleur
nationale. De 1950 à 1956 il devint secrétaire général de la Histadrout et de
1951 à 1959, député à la Knesset au sein du parti Mapaï (l'ancêtre du parti
travailliste actuel). Namir fut encore directeur général de la société de
construction d'État Amidar et ministre du Travail de 1956 à 1959, où il
remplaça Golda Méïr, devenue ministre des affaires étrangères.
Mais son activité au sein de Tel Aviv, et son engagement, furent plus importants
encore. Avec une génération de retard sur ses pairs, il ne fit pas partie de
ceux qui vécurent et construisirent les débuts de la ville, mais il fit partie
de ceux qui en firent une grande ville. A partir de 1935 il devint membre du
conseil municipal et en 1936, le secrétaire du syndicat des travailleurs de la
ville. Namir fut aussi membre du commandement de la Haganah dans la ville dès
1936 et dans l'ensemble du pays en 1947.
C'est
donc logiquement, compte tenu de tous ses engagements pour la ville, qu'il fut
élu 6e maire de Tel Aviv en 1960 et le resta jusqu'à 1969. Durant
son mandat, Mordechaï Namir mit l'accent sur l'éducation et le bien-être dans
la ville. De nombreux établissements d'enseignement, des centres communautaires
et des institutions d'l'éducation virent le jour à cette période et élargirent
les services sociaux fournis par la municipalité. C'est également à cette
époque que le campus de l'université de Tel Aviv s'est agrandi et a déménagé à
Ramat Aviv. De même quant à l'élargissement du musée d'Eretz Israel dans le nord
de la ville.
Mordechaï
Namir est aussi à l'origine de la construction de la nouvelle mairie de Tel
Aviv (l'ancienne se trouvait place Bialik) et de sa grande place, la Place des
Rois d'Israël, rebaptisée Place Rabin après la mort de ce dernier. Ce fut aussi
une époque de réhabilitation des plages de Tel Aviv. La ville prenait déjà ses
couleurs de cité balnéaire. Suivraient les premiers grands hôtels et les
premières grandes tours de business…
Mais en
1969, quelques mois avant les élections municipales, Namir dut prendre sa
retraite pour des raisons de santé, et transmis la responsabilité de la ville à
Joshua Rabinowitz.
Marié à l'ancienne députée et ministre Ora Namir, Mordechaï Namir quitta ce
monde en 1975. Après sa mort on donna son nom à la Route 2, celle qui traversait
et traverse encore la majeure partie de la ville : la route Haïfa, qui devint
Route Namir.
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