Avec Tel-avivre.com – Misha Uzan
C'est
au calme, au croisement du parc Méïr, que commence la rue Trumpledor à Tel
Aviv. Evitant les grands axes, c'est une rue agréable pour se promener depuis
le parc jusqu'à la promenade Herbert Samuel, la Tayelet de la plage, tout en
croisant les grandes rues que sont Pinsker, Ben Yehouda ou Hayarkon.
Joseph Trumpeldor |
En
dehors des hôtels de la plage, la rue Trumpledor à Tel Aviv est celle du
cimetière du même nom. Souvent désigné comme le «vieux cimetière» de Tel Aviv,
il s'agit du cimetière historique de Tel Aviv. Il couvre 10,6 hectares et
contient environ 5.000 tombes, dont celles de nombreuses personnalités et
figures du pays et de son histoire. Le milliardaire israélien Sammy Ofer y a
été enterré en 2011, rejoignant les fondateurs de la ville de Tel Aviv et des
personnalités culturelles et historiques d'Israël, comme le deuxième premier
ministre d'Israël : Moshe Sharett.
Le
cimetière a été fondé en 1902 sur une parcelle de terrain alors inoccupée à
l'extérieur de Jaffa, six ans avant la fondation d'Ahouzat Bayit, la société
qui a créé Tel Aviv. Son emplacement était alors loin des zones peuplées. Aujourd'hui
il est situé en plein centre de Tel-Aviv, entre les rues Hovevei Zion et Pinsker,
où les trois portails d'entrée sont situés. La porte orientale est la plus
ancienne et comprend les tombes des premiers dirigeants de Tel-Aviv et de
Jaffa. Les tombes des personalités se trouvent généralement dans le coin
sud-ouest. La porte principale (au centre) a été ouverte en 1926, à
l'inhumation des restes de Max Nordau. Aujourd'hui, seules les personnes
détenant des parcelles achetées il y a longtemps et un petit nombre de
personnes prêtes à payer plusieurs milliers de dollars pour y être enterrées,
peuvent l'être.
Le
cimetière Trumpeldor était le seul cimetière à Tel-Aviv jusqu'en 1932, lorsque
le cimetière Nahalat Yitzhak a été ouvert.
Son nom
n'a pas été choisi au hasard. Le cimetière, lieu de repos des morts, a été
nommé du nom de celui qui est resté dans les mémoires justement pour sa mort : Joseph
Trumpeldor. Bien que sa vie ait été tout à fait honorable et honorée, c'est sa
mort qui est souvent citée en exemple de sioniste, lorsque, mourant au combat
pour défendre la forteresse de Tel Haï, il se serait exclamé, selon la légende
: "qu'il est bon de mourir dans son pays".
Joseph
Trumpeldor, né en 1880 à Piatigorsk en Russie, dans la région
du Caucase, fut le soldat juif le plus décoré de l'armée russe avec quatre
décorations pour bravoure après avoir perdu un bras dans la guerre
russo-japonaise de 1905. Il devint ensuite officier de l'armée russe à une
époque où cela était strictement interdit aux Juifs, ce qui témoigne de sa
reconnaissance dans l'armée. C'est en outre en tant que militaire qu'il fut
autorisé à s'installer en dehors de la région dite « zone de
résidence » (à l’ouest de l’empire russe) en dehors de laquelle les juifs
n’avaient normalement pas le droit de résider.
Mais,
après des études de droit à Saint Petersboirg, il immigra dans le futur Israël
en 1912. Il est connu pour son aide dans la création des légions
juives et pour l'organisation de l'immigration des Juifs vers le futur
État d'Israël, qui faisait alors partie de l'Empire ottoman.
C'est
au cours de la Première guerre mondiale, lorsqu'il fut expulsé vers l'Egypte
par les Ottomans, comme d'autres hommes de nationalité russe, que Trumpledor
rencontra Jabotinsky et développa l'idée d'une légion juive.
En 1915,
le "corps des muletiers de Sion" fut formé, considéré comme la première
unité militaire composée uniquement de juifs (sauf certains officiers)
organisée depuis 2000 ans. Ce fut le commencement idéologique des forces
de défense israélienne.
Puis,
après la dissolution du "corps des muletiers de Sion", fin 1915,
Trumpeldor participa au travail de Vladimir Jabotinsky en faveur de
la création d'unités militaires juives plus importantes sous direction
britannique, qui ont vu le jour en 1917 : la Légion juive.
Symbole
du sionisme et des premières forces militaires juives avant la Haganah,
l'Irgoun et Tsahal, on sait généralement moins qu'à l'origine, Trumpeldor fut
un anarchiste et un disciple de Kropotkine, ce qui n'était pas le cas de
Jabotinsky. Il aurait déclaré en effet « je suis un anarcho-communiste et
un sioniste ». Son programme pour un réseau syndicaliste de communautés
socialistes, présenté à la conférence sioniste de Romni, en 1911, a eu une certaine
influence sur la création des kibboutzim.
Il a même
été avancé que sa famille était en fait d'origine Subbotnik, un ensemble de
groupes descendants de paysans chrétiens ayant rompus avec le christianisme
sous le règne de Catherine II de Russie, à la fin du 16e siècle pour
s'auto-convertir au judaïsme.
Trumpeldor
fonda également, parallèlement à David Ben Gourion et Yitzhak
Ben-Zvi aux États-Unis, le mouvement He-Halutz, organisation
pionnière juive visant à préparer de jeunes Juifs à s'installer en
Eretz-Israël. C'est en 1920, à 40 ans seulement, qu'il fut tué à Tel Haï, au
cours d'une escarmouche avec un groupe d'insurgés anti-français issus d'un
village libanais proche.
Symbole
de l'auto-défense juive, il est honoré par les partis politiques sionistes de
gauche et de droite. Le Betar, mouvement de jeunesse de droite, tient son nom
en mémoire à la forteresse de Betar dans la révolte de Bar Kochva, mais aussi
de Trumpeldor, puisque Betar est l'acronyme hébraïque de Brit Yosef
Trumpledor ou « Ligue de Joseph Trumpeldor ».
La
ville de Kyriat Shmona (« la cité des 8 ») fut aussi nommée à la
mémoire de Trumpeldor et des sept hommes et femmes qui furent tués en défendant
Tel Hai.
A Tel
Aviv, il symbolise les grands hommes d'Israël et du sionisme, via le cimetière
Trumpeldor.
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