vendredi 29 mars 2013

Cinéma : Les Voisins de Dieu


Par Christian Szafraniak, Citizenkane.fr

Le cinéma israélien fait vraiment preuve de vivacité. Depuis plusieurs années, de nouveaux cinéastes voient le jour, sortant souvent des écoles de cinéma. On en dénombre plus d'une quinzaine dans un pays de la taille d'une région française telle la Bretagne. Ainsi une vingtaine de fictions sortent sur les écrans de cinéma. Plus d'une centaines de documentaires sont produits également annuellement. En conséquence, depuis 10 ans, Israël est devenu un pays qui compte dans le monde du cinéma : avec des auteurs, des révélations, des films primés dans les festivals de cinéma. Et c'est le cas des Voisins de Dieu.

Des Prix de cinéma pour Israël


Et des prix qui comptent : prix SACD à la semaine de la critique à Cannes, Meilleur réalisateur au festival de Saint-Jean de Luz (1). Et bien évidemment, il est passé par une école de cinéma : Minshar, une école d’art et de cinéma à Tel-Aviv. Son film de fin d'études Eliko (2008) fut remarqué par un producteur français, qui devint le coproducteur français du premier long métrage de Meni Yaesh.
Le film fut tourné dans des conditions financières pour le moins resserrées. Le cinéaste fit donc le choix de faire son film dans le quartier de son enfance : Bat Yam, dans la banlieue de Tel Aviv. Les voisins de Dieu est l'histoire de trois amis Avi, Kobi et Yaniv, célibataires mais non désoeuvrés, très croyants, prompts à la bagarre pour faire respecter le Talmud, se proclamant gardiens de valeurs juives plutôt orthodoxes. Ce qui nous vaut une série de règlements de comptes avec des russes trop bruyant un soir de shabbat, avec des vendeurs de dvd X,... mais également ils veillent à la tenue des jeunes femmes dans la rue. Et un jour, ils croisent une jeune voisine, portant le short un peu court. Et non pratiquante de surcroît. Ils vont commencer par la sermonner, mais Avi ne réagira pas de manière aussi virulente que ses deux autres acolytes. A partir de ce moment-là, les choses ne seront plus les mêmes, le groupe qui était si uni et si prompt à monter des embuscades contres les Arabes, les Russes, se fissure.

Du cinéma avec peu de moyens


Faute de moyens et peut-être également de structuration, le film oscille entre le film d'action fauché (utilisation du split screen, effets sonores tentant de rappeler certains films américains) et le film intimiste : relations entre les camarades, entre le fils (Avi) et le père, entre Avi et la jeune Miri dont il va tomber amoureux.
Le grand intérêt du film est de s'intéresser à un quartier de banlieue et non du centre de la capitale. Le réalisateur réussit à nous montrer la vie dans ce quartier, les liens existant entre les habitants, utilisant avec habilité acteurs professionnels et amateurs, donnant un cachet un peu politique à son film, avec la cohabitation pas vraiment évidente entre les différentes communautés. Malgré le manque d'équilibre, les dialogues peut-être un peu trop nombreux par moments, ce qui rend d'autant plus intéressante la séquence où Avi se déshabille entièrement et se met à l'eau, découvrant ainsi discrètement le tatouage qu'il porte sur son épaule. Ces moments de sobriété sont le signe que l'on reverra dans d'autres films de ce cinéaste pour le moins prometteur.

Les voisins de Dieu
Scénario et réalisation : Meni Yaesh
Israël/France. 2011. 98 mn. Couleurs.
Roy Assaf (AVI), Gal Friedman (KOBI), Itzik Golan (YANIV), Rotem Ziesman-Cohen (MIRI)
(1) festival dans lequel il s'octroie le prix du Jury Jeunes.

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